Fans de Jacques Brel, amateurs de belles lettres, lecteurs de biographie, réjouissez vous ! Voici un ouvrage à la hauteur de vos espérances.
Ce petit livre noir traînait dans ma bibliothèque depuis des années, et puis ces jours-ci, en pleine crise brelienne, je l'ai ouvert pour ne plus le refermer avant le mot « fin ». Paul-Robert Thomas a été un des amis du grand Jacques sur la fin de sa vie, alors qu'il s'installait aux Marquises. Dans ces périodes hivernales, lire ces lignes de soleil, de chaleur et de lumière, ça vous met du baume au coeur. Sans compter sur l'approche originale de cet auteur, qui, au fil des discussions nocturnes à refaire le monde, a noté des phrases, des sujets, des réflexions, au départ sans but défini, par simple admiration de l'élocution du chanteur. Et puis, il a eu envie de les partager, de les faire vivre à nouveau. Ils parlent de la « grandissance », de la médecine, de la cuisine, de la musique. Ils parlent de la vie.
C'est comme passer un mois avec Brel, partager ses points de vue, toujours originaux et poétiques, sa syntaxe inouïe, ses heures de vol, son appréhension de la mort... Le tout agrémenté de fac similé de photos d'hier et d'aujourd'hui. Ce témoignage dresse un portrait tout en nuances d'un Jacques Brel à la fois provocateur, pudique, libre et à mon sens...grand.
« Tu sais, j'aime les mots pour ce qu'ils ont de majesté, de magie ; et la façon de les dire, de les lancer au ciel. Ils vont de c½ur à c½ur comme de bouche à oreille.
Cela leur donne des couleurs. On a besoin de couleur.
Mais on ne peut pas dire : « je t'ai-ai-meuh » à quelqu'un que l'on aime vraiment. C'est de l'amour de vache. Il vaut mieux lui pleurer un mensonge. Les mots sont trompeurs, espiègles, et t'emballent dans leur propre histoire. »
Et bien moi, parfois, je me dis qu'il est heureux que je ne l'ai pas connu vivant, sinon, je n'aurais jamais pu aimer qui que ce soit d'autre...
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